Dentelures et MACHIN
Les recherches dès 1847 d'Henry ARCHER pour faciliter la séparation des timbres-poste ont abouti avec l'adoption en 1853 par le General Post Office de machines pour perforer les feuilles de timbres. Si la dentelure ainsi réalisée a aussi contribué à ce que le timbre soit mieux accepté comme prépaiement des frais de port, qu'il adhère mieux aux plis sur lesquels il était apposé, elle a aussi constitué un dispositif de sécurité supplémentaire contre les contrefaçons (Présentation du 23 novembre 2023 et BRITANNiCA 169).
Qu'en est-il maintenant ?
Les timbres au type MACHIN

Les timbres à l’effigie de la reine Elisabeth II, d’après Arnold MACHIN, ont été utilisés depuis juin 1967 et le demeurent à ce jour.
Leur aspect simple et dépouillé, l’utilisation de couleurs vives et variées ont attiré de nombreux collectionneurs tandis que leurs multiples caractéristiques techniques suscitaient l’intérêt des philatélistes.

En effet, leur utilisation a coïncidé avec l’apogée des échanges écrits et a nécessité le développement de ses modes de production, de ses formes de commercialisation ainsi que des modalités de tri et de distribution du courrier.
Dentelures et production
Au regard de l’importante progression du besoin de timbres-poste, la production par feuille, perforée ensuite, a du s’adapter avec l’impression et la perforation en continu.
La perforation par peigne a été remplacée par des perforations à l’aide de tambour.
Le premier dispositif de ce type, KAMPF, a été conçu pour être intégré à la presse d’impression Jumelle. L’épaisseur du papier est passée de 63 à 70 grammes et la gomme remplacée par de la dextrine pour améliorer ses performances.

3p Harrison 22/10/1980
Le second dispositif, APS (Ab Produktion Svenska), est quant à lui conçu avec un cylindre présentant des saillies de goujon et un mécanisme de coupe qui rase le papier ainsi soulevé, créant ainsi les perforations. Il est aussi dénommé « tondeuse suédoise ».
Afin d’obtenir des perforations plus nettes, un papier plus rigide obtenu notamment avec l’utilisation de gomme arabique qui donne une couche plus épaisse, est conseillé.

3p Harrison 22/10/1980
La dentelure d’une douzaine seulement de valeurs a été réalisée avec ces deux équipements.
25p Harrison 12/1980 KAMPF : Perforations nettes avec parfois des confettis

25p Harrison 12/1980 APS : Perforations moins nettes avec présence de débris
Variétés de dentelure
Malgré les contrôles de qualité, des piquages plus ou moins décalés peuvent se retrouver sur le marché.

15 p 1990 150ème anniversaire du Penny Black
(Photo Harrison)
L’utilisation d’aiguilles ou de goujons pour créer les perforations peut aussi être à l’origine de variétés en cas de rupture et de réparation de fortune …

17p variété 17 pins 1984
(Photo Harrison)
Variétés de dentelure (suite)
Variété plus originale avec des perforations en ‘D’ pour un timbre perforé en APS.


3p Harrison 22/10/1980
Différents imprimeurs ont été chargés de l’impression de ces timbres-poste.
Harrison (15 x 14) en a assuré l’essentiel. Mais selon les contrats ou les besoins, d’autres imprimeurs y ont participé : Questa, Walsall, Enschedé, Cartor …
Il en est résulté des timbres différents selon les techniques d’impression ou de dentelure.
Seul le timbre 1st orange a été proposé avec 3 dentelures différentes.

Harrison 15x14 Walsall 13½x14 Walsall 12½x14
08/1990 08/1990 11/1990
Des non-dentelés pour les carnets
C'est en 1987 que la perforation des timbres sur 4 côtés n'est plus devenue intangible.

Carnets de distributeur panneau dentelé sur les côtés 20/10/1986

Carnets de distributeur panneau non-dentelé sur deux côtés 29/09/87

Walsall 02/10/1989 Panneau de carnet non-dentelé sur 3 côtés
Une réponse à l'insatisfaction des collectionneurs ?
Est-ce que l'abandon de la perforation sur tous les côtés des timbres-poste a été une réponse à l'insastisfaction manifestée par les collectionneurs pour lesquels le massicotage des carnets ne garantissait pas des timbres avec des dentelures correctes ?
Les collectionneurs de MACHIN ont en effet été nombreux à rechercher le ½p avec bande à gauche du Carnet de prestige Wedgwood avec une belle dentelure !

Bande du carnet £1 Wedgwood 24/05/1972 avec ½p LB
Il est plus probable qu'il s'est agi d'une mesure de simplification des modes de fabrication et de préservation des perforateurs ...
Sécurisation
La perforation des timbres-poste a donc été prioritairement la solution pour leur séparation mais elle a été aussi un élément de leur sécurisation.
L’évolution des moyens d’impression ainsi que le recours à de multiples imprimeurs ont favorisé la survenue de ces faux, même si la dentelure grossière permet de les identifier rapidement.

1993, premier faux pour tromper le Royal Mail depuis le fameux 1/- du London Stock Exchange
Aussi, à partir de 1993 cet élément de sécurisation que constitue la dentelure a été renforcé. Une ellipse a été intégrée dans les perforations verticales des timbres-poste.

Harrison 06/04/1993 Walsall 18/07/1995
Cette ellipse est généralement en forme de ballon de rugby mais en forme de saucisse pour certaines impressions de Questa et Walsall.

1st Millenium 06/01/2000
Toutefois cette évolution ne s'est pas avérée suffisante et au printemps 1994 des faux comportant la dentelure dite de sécurité furent découverts.
Ce faux avec des timbres de même valeur faciale produits par 3 imprimeurs différents.

Harrison 18/07/1995 Questa 01/08/1995 Walsall 12/12/1995
Agrandissement du détail de l’effigie :
Impression grossière du faux Impression Questa
D'autres éléments de sécurisation ont été ajoutés ensuite :
- Fentes de sécurité en "U"
- Codes dans les surimpressions de sécurité irisée
- Insertion de codes-barre (avec représentation de la dentelure d'un bord droit)
Toutes ces mesures n'ont toutefois pas encore permis de remédier à ces fraudes ! (voir BRITANNICA 168 et 170)
